La chance vous sourit d’Adam Johnson
Pour nous présenter La chance vous sourit d’Adam Johnson, l’éditeur nous annonce en 4e de couverture que « ces six novellas s’imposent chacune comme un bijou de subtilité et d’intelligence ». Subtil et intelligent sont effectivement les qualificatifs premiers qui me viennent à l’esprit quand je repense à ces nouvelles très différentes les unes des autres.
Parmi les six nouvelles que compte La chance vous sourit, certaines m’ont émue, d’autres m’ont dérangée et une plus particulièrement. Je crois que c’est même l’un des textes les plus difficiles que j’ai été amenée à lire. Vous comprendrez pourquoi si vous lisez Prairie obscure et je vous garantis qu’une fois lu, vous ne pourrez plus l’oublier. C’est d’ailleurs une nouvelle qui n’est pas présentée en 4e de couverture et je comprends parfaitement pourquoi.
En dehors de cette expérience presque traumatisante, je suis parvenue à entrer rapidement dans l’univers de quatre autres nouvelles, la dernière qui a pourtant donner son titre au recueil ne m’a pas du tout touchée en revanche. Tous les personnages sont confrontés à un moment de la vie où l’on sent que les choses peuvent ou doivent changer, que l’on en fasse soi-même le choix ou que la vie nous l’impose. Un moment qui peut s’avérer lumineux ou angoissant car on ne sait pas toujours si la route choisie est la bonne et si les résolutions prises seront tenues. Ainsi on assiste dans Ouragans anonymes à la naissance d’un père tandis qu’une mère disparaît dans Le saviez-vous ?, on suit un couple à la dérive qui se raccroche aux paradis artificiels pour survivre dans Nirvana tandis qu’un homme seul continue de vivre dans un passé que seul lui trouve glorieux dans George Orwell était l’un de mes amis.
« Tu as pensé quoi de cette nouvelle ? » m’a demandé mon mari. Je voyais bien qu’il avait aimé. Il adore les nouvelles.
« J’ai compati au sort de l’épouse décédée. »
A quoi mon mari, le plus gros abruti qui ait jamais gagné le prix Pulitzer, a répondu : « Mais… ce n’était même pas un personnage. »
Ça se passait l’année suivant mon diagnostic, mon opération, ma chimio et les diverses interventions, injections, ignominies et autres traitements.
Tout et son contraire. Des destinées singulières, des peurs, des attentes, des douleurs, des espoirs que nous partageons tous mais que nous vivons chacun à notre manière. Ce recueil enrichit l’âme et le cœur par ses réflexions mais aussi par la puissance d’écriture d’Adam Johnson. Ses personnages tout comme leur univers sont finement ciselés et décrits avec une telle précision que l’auteur parvient à les rendre uniques. Rien n’est interchangeable dans ses histoires, aucun personnage ne paraît terne et sans saveur, bien au contraire ils sont criants de réalisme car très éloignés des clichés. Et c’est ainsi qu’on le ressent même dans l’écriture d’une nouvelle à une autre (mention spéciale pour le ton de Le saviez-vous ?).
Encore une fois, c’est subtil et intelligent : j’en reviens toujours au même point, comme si ces adjectifs avaient été inventés pour parler de La chance vous sourit.
Merci au Picabo River Book Club et aux éditions Terres d’Amérique pour m’avoir offert ce voyage aux confins de l’humanité.
L’ESSENTIEL
La chance vous sourit
Adam JOHNSON
Editions Terres d’Amérique Albin Michel
Sorti le 11/03/2020
320 pages
Genre : nouvelles
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤
Personnages : Charlotte et son mari, Nonc, Hans et Prinz, DJ…
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Propriétés privées de Lionel Shriver, Rendez-vous à Crawfish Creek de Nickolas Butler
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Tour à tour grinçantes, bouleversantes, drôles et déchirantes, ces six novellas offrent au lecteur une nouvelle façon de voir le monde, s’imposant chacune comme un bijou de subtilité et d’intelligence. On y croise notamment un ancien gardien de prison de la Stasi, qui reçoit devant sa porte d’étranges colis anonymes tout droit venus du passé ; deux déserteurs ayant fui la Corée du Nord et son régime totalitaire pour tenter de reconstruire leur vie à Séoul ; un homme en plein désarroi face à la grave maladie de sa femme, qui ressuscite à la vie sous forme d’avatar le président américain récemment assassiné afin de profiter de ses conseils ; ou encore un livreur UPS à la recherche de la mère de son fils de deux ans après que celle-ci a disparu en Louisiane lors du passage de l’ouragan Katrina…
Récompensé par le National Book Award, ce livre surprenant et audacieux confirme la voix singulière d’Adam Johnson, lauréat du prix Pulitzer pour La Vie volée de Jun Do, et son oeil aiguisé pour décrire le monde d’hier et d’aujourd’hui.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire La chance vous sourit
- Pour la finesse des personnages et l’originalité de ces nouvelles
- Pour la plume d’une beauté incroyable d’Adam Johnson
- Pour les messages véhiculés par ces textes
3 raisons de ne pas lire La chance vous sourit
- Si le format des nouvelles ne vous convient pas
- Si les romans d’atmosphère vous ennuient
- Si vous préférez l’explicite aux histoires qui se fondent dans des silences, des pauses et des non-dits
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