Gourou(e) de Murielle Renault
Quand on entame un nouveau roman, on se fait souvent une idée de la direction qu’il va prendre, de ce que l’on aimerait y trouver et des émotions qu’on espère ressentir. Avec Gourou(e) je m’attendais à un roman satirique s’appuyant sur des personnages haut en couleur et au verbe fleuri, j’espérais rire d’eux et avec eux…
Pensez donc : une histoire de femme gourou d’un mouvement sectaire (un pléonasme, je sais…) qui décide d’embaucher un biographe pour raconter sa vie et sa réussite, ça a de quoi faire une jolie comédie, piquante à souhait.
J’ai donc lu ce livre en gardant à l’esprit l’image que je m’en étais forgée puis en me laissant emmener là où son auteure, Murielle Renault, avait réellement décidé d’aller.
Finalement les deux trajectoires se sont éloignées de plus en plus et j’ai dû sauter d’un genre comique à un genre plus grave mais je ne m’en plains pas. Je n’ai pas perdu une ligne de ce roman, éprouvant une réelle empathie pour cette gourou(e), Claudine, et pour la vie hors du commun qu’elle doit mener à la tête d’Ekolonnia.
De nos jours, on ne peut plus monter le moindre club de yoga sans être soupçonné de dérives sectaires, alors des maisons communautaires, vous pensez ! Si en plus on organise des stages de cuisine végétarienne, on est sûr d’avoir Miviludes sur le dos, c’est insensé !
Avec un peu de recul, je me dis que ce roman aurait tout à fait pu être transféré dans un univers plus proche du nôtre. Claudine aurait tout aussi bien pu être à la tête d’une grande entreprise, entourée de ses conseillers pas toujours bienveillants, et d’une pression médiatique constante, ça aurait aussi bien fonctionné. Mais le choix d’un environnement sectaire est finalement assez judicieux car il permet tout aussi efficacement de faire passer les messages (et il y en a) mais rajoute une note singulière, un peu de fraîcheur à travers cette excentricité.
– Il faut que tu restes la reine du monde, ma Clauclau !
– Arrête, je ne règne sur rien, je suis juste présidente d’honneur d’un carré d’herbe qui ne mesure pas grand-chose, avec quelques moutons qui paissent dessus, rien de plus.
Le style de l’auteure est lui aussi frais et léger, ponctué de dialogues rythmés et d’échanges épistolaires entre Claudine et Gaspard, son ami et confident. J’ai un vrai faible pour ce type de narration qui rend la lecture guillerette et me donne envie d’avaler des pages et des pages, bien loin des descriptions laborieuses dont certains auteurs sont si friands.
Mis tout bout à bout, Gourou(e) est un petit coup de cœur que j’ai eu le plaisir de découvrir grâce à l’opération masse critique de Babelio. Lors de cette opération, je lorgnais délibérément les titres des éditions Daphnis et Chloé tant ma première lecture de cette maison d’édition (Vous prendrez bien un dessert ? de Sophie Henrionnet) m’avait conquise. Ce deuxième titre en est aussi un ambassadeur talentueux et laisse entrevoir un catalogue composé de jolies pépites.
L’ESSENTIEL
Gourou(e)
Murielle RENAULT
Editions Daphnis et Chloé
Sorti le 16 avril 2016 en GF
238 pages
Genre : roman social
Personnages : Claudine – la gourou(e), Gaspard – son ami et confident -, François son chauffeur, son biographe
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Vous prendrez bien un dessert ? de Sophie Henrionnet (pour découvrir la maison d’éditions), Piège conjugal de Michelle Richmond et Arcadie d’Emmanuelle Bayamack-Tam pour le côté sectaire
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
« Aujourd’hui, elle a envie de tout envoyer balader, faire un break, partir en vacances, comme dit son biographe, une idée qui ne l’avait plus effleurée depuis des années.. » Claudine Lemonde a 53 ans. Elle dirige Ekolonnia, une secte qui prône la décroissance appliquée à tous les domaines, sauf à ses propres finances. Après des années de succès, les adhésions chutent, les revenus baissent, et ses conseillers lui proposent de faire écrire sa biographie pour relancer le mouvement. Ce qui ne devait être qu’une opération marketing se transforme en tsunami : les succès, les erreurs, les drames, les non-dits, la violence, tout remonte à la surface tandis que Claudine est confrontée à un autre bouleversement, plus intime, la ménopause, qui lui rappelle qu’elle est avant tout une femme comme les autres. Elle va alors reprendre sa vie en main, affronter complots, jeux de pouvoirs et conseillers machistes. Et si les sectes étaient des entreprises comme les autres ?
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Gourou(e)
- Si vous aimez les romans courts et qui se lisent d’une traite
- Si vous cherchez un thème qui sorte des sentiers battus
- Si vous aimez les romans composés de galeries de personnages
3 raisons de ne pas lire Gourou(e)
- Si vous cherchez un roman humoristique
- Si vous aimez les romans fleuves
- Si vous n’accrochez pas avec les romans très dialogués
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