Dans les coulisses du Prix Landerneau des lecteurs 2019
Le Prix Landerneau des lecteurs 2019 s’est terminé le 8 octobre à la Maison Bréguet à Paris par la remise du prix à Sylvain Prudhomme pour son roman Par les routes. Mais avant d’en arriver là il s’en est passé des choses, des hommes et des femmes ont œuvré dans l’ombre pour organiser ce grand rendez-vous. Ce sont ces coulisses du Landerneau que je vous propose de découvrir aujourd’hui.
Première étape : candidature et sélection des jurés
L’aventure du Landerneau 2019 a débuté au mois de juin par la campagne de recrutement du jury. Pour en faire partie, rien de plus simple : il suffisait de télécharger le formulaire de candidature sur le site Espace culturel Leclerc puis de le déposer avant le 30 juin dans l’Espace Culturel E.Leclerc de son choix.
Le contenu de ce formulaire visait trois objectifs :
- mieux nous connaître en tant que lecteur à travers des questions précises : quels sont nos 3 écrivains contemporains préférés, quel est le roman français lu récemment que l’on conseillerait et pourquoi, combien de livres lisons-nous et dans quels genres ?
- vérifier notre disponibilité et notre capacité à lire 4 livres dans les temps impartis
- recueillir nos coordonnées complètes
Rien de bien compliqué en somme. Une fois le formulaire remis à un libraire d’un espace culturel, il ne restait plus qu’à attendre le verdict qui est tombé par e-mail le 11 juillet. Et la bonne nouvelle est allée au-delà de mes espérances car en plus d’avoir été sélectionnée comme jurée, j’ai découvert que j’avais été tirée au sort pour faire partie des 12 jurés invités aux délibérations finales à Paris. Car c’est bien là la magie de ce prix : permettre à une poignée de chanceux de vivre une aventure extraordinaire aux côtés de Michel-Edouard Leclerc, très actif dans le déroulé de ce prix, et du président du jury : un écrivain français majeur qui était cette année Philippe Besson.
A partir de cette annonce, tout s’est enchaîné avec une organisation millimétrée. Quelques échanges de mails plus tard, l’avion était réservé par les organisateurs, il n’y avait plus qu’à passer un bel été en attendant de découvrir les 4 romans finalistes.
Deuxième étape : l’annonce des 4 finalistes
Pendant que nous profitions de la pause estivale, les 1180 libraires de Leclerc étaient à pied d’œuvre pour lire les romans de la rentrée littéraire 2019 et faire une première sélection de 30 titres. Pour être retenus dans la sélection, les romans devaient être francophones et publiés entre le 15 août et le 1er octobre 2019.
Huit libraires des Espaces Culturels E.Leclerc sont allés défendre leurs titres préférés à Paris le 5 octobre. Ils ont eu la lourde tâche, aux côtés de Michel-Edouard Leclerc et de Philippe Besson de sélectionner les 4 titres finalistes qui seraient envoyés au jury de 200 lecteurs.
Les quatre titres retenus pour ce Prix Landerneau 2019 et que nous avons donc eu plaisir à lire étaient :
- Murène de Valentine Goby
- Par les routes de Sylvain Prudhomme
- Mer Méditerranée de Louis-Philippe Dalembert
- Les petits de Décembre de Kaouther Adimi
Quand cette sélection nous a été communiquée, j’avoue ne pas avoir été très emballée par ces titres très éloignés de mes habitudes de lecture. Je n’avais encore lu aucun de ces auteurs, j’étais donc dans une posture de totale découverte. Et c’est très précisément pour cela que j’avais déposé ma candidature pour ce prix : sortir de mes sentiers battus littéraires, être poussée à lire autre chose, être prête à me laisser surprendre et, avec un peu de chance, être conquise par un titre. Et vous savez quoi ? Mission accomplie sur toute la ligne et plutôt 4 fois qu’une !
Troisième étape : lecture des finalistes
Le colis tant attendu est arrivé dans nos boîtes aux lettres aux alentours du 10 septembre ce qui nous laissait environ un mois pour lire ces 4 romans et faire notre choix. Dans la foulée, les organisateurs nous ont donné accès à un groupe Facebook fermé pour pouvoir discuter entre jurés de nos impressions de lecture.
Les jurés qui n’étaient pas conviés aux délibérations parisiennes devaient voter avant le lundi 7 octobre minuit par e-mail tandis que les 12 autres devaient faire connaître leur choix à l’issue des délibérations le 8 octobre.
Des échanges riches, passionnés et parfois mouvementés ont eu lieu dans cet espace de discussion et il est frappant de constater que chaque lecteur a sa propre grille de lecture de son rôle de juré et ses propres attentes vis-à-vis de ce prix et de ce qu’il représente.
Pour ma part, j’ai fait le choix d’agir pour ce prix comme j’agis d’habitude, à savoir en publiant un avis complet de chaque lecture, à la fois sur ce blog et sur Instagram. Je ne me suis pas cachée de mes préférences et de mon niveau de satisfaction concernant chacun de ces titres car de mon point de vue, la seule chose qu’un organisateur est en droit d’attendre d’un lecteur juré c’est de l’honnêteté.
Quatrième étape : les délibérations à Paris
Le rêve a vraiment débuté le mardi 8 octobre à 8h20 quand je suis montée dans l’avion, direction Paris. A partir de cet instant je me suis laissée porter complètement. Fiona et Laura, nos bonnes fées avaient tout prévu pour que ce séjour soit absolument inoubliable. A la sortie de l’avion un taxi m’attendait pour me mener au restaurant Terra dans le 3e où avaient lieu les délibérations. Hélas, la seule chose qui ne pouvait être prévue, c’était bien l’étendue des bouchons ce jour-là à Paris. Et donc c’est en bonne Toulousaine qui fait honneur à sa région que je suis arrivée avec le quart d’heure toulousain de retard (dans le cas présent c’est même le trois quarts d’heure mais là même les Toulousains ne seraient plus en mesure de justifier un tel retard).
J’ai donc pris le train en marche, fortement impressionnée par cette tablée de lecteurs et organisateurs. Philippe Besson, en chef d’orchestre a tenu à la minute près son ordre du jour, laissant le soin aux unes et à l’autre (un seul homme faisait partie des lecteurs invités pour l’occasion) de s’exprimer sur les livres qui les avaient marqués ou rebutés. Le débat était riche, passionné par moment, joyeux toujours et très respectueux des avis de chacun. A la fin de ce tour de table, nous avons procédé au vote puis celui-ci a été mis en regard des votes déjà exprimés par internet par les autres jurés. A partir de là nous tenions notre lauréat mais étions tenus au secret jusqu’à l’annonce officielle, le soir même.
Cinquième étape : après l’effort…
Avec le sentiment du devoir accompli, nous avons tous trinqué à notre lauréat 2019 avec une petite coupe de champagne en attendant que la table du déjeuner soit dressée. Photographe et caméraman papillonnaient autour de nous pour ne rien manquer de cette rencontre. C’est à cet instant que j’ai pu faire connaissance de mes alter egos et découvrir que nous venions des quatre coins de la France.
L’ambiance était festive, nous partagions la même joie d’être présents à ce grand rendez-vous, dans un cadre somptueux et avec la conscience d’être des privilégiés.
A peine le déjeuner terminé, un mini bus nous attendait pour nous emmener à l’expo Van Gogh, la nuit étoilée qui se tenait à l’Atelier des lumières. Ca aussi ça faisait partie des innombrables petites attentions que nous avaient réservées les organisateurs. Je ne sais pas ce que les autres jurés ont pensé de cette expo mais j’ai été personnellement enchantée de cette immersion. C’était à la fois féérique et extrêmement reposant (peut-être un peu trop quand on s’est levé à 4h45 pour attraper son avion, je l’avoue).
Après cette escapade culturelle, nous nous sommes mis en route pour rejoindre la Maison Bréguet où allait se tenir la soirée de remise du prix et où, plaisir suprême, nous allions séjourner ! Nous disposions d’une heure et demie avant le cocktail. Certains en auront profité pour se reposer ou pour faire un tour dans les rues de Paris, j’ai sauté sur l’occasion pour aller boire un café avec un ancien collègue : la détente attendra encore un peu…
Sixième étape : l’heure de l’annonce
19h, tous les jurés sont là, sur leur trente et un, prêts à applaudir leur grand gagnant. Il faudra encore attendre quelques minutes, une coupe de champagne à la main que les invités rejoignent la salle de réception, et parmi eux le lauréat de l’année dernière qui nous a honorés de sa présence : Serge Joncour.
19h30, c’est parti ! La remise des prix est diffusée en direct sur le groupe Facebook pour tous les jurés qui n’ont pas pu être présents, Sylvain Prudhomme prend la parole, sincèrement heureux et ému et de ce fait nous émouvant en retour. Je peux le dire d’autant plus franchement que je l’avais déjà annoncé dans mes critiques des quatre livres, Par les routes n’était pas mon préféré, mon cœur allant vers Mur Méditerranée, mais j’ai eu la chance folle de faire partie d’un jury qui a eu à départager quatre excellents livres. Alors même si j’aurais aimé voir mon favori récompensé, j’ai été sincèrement heureuse pour Sylvain Prudhomme qui nous a fait voyager avec poésie grâce à son auto-stoppeur.
Son bonheur est communicatif et nous étions tous fiers d’avoir participé à sa consécration dans le cadre du Prix Landerneau. Nous avons appris ce soir là que le Prix Landerneau était assorti d’une dotation de 10 000 euros pour le lauréat et bien sûr de toute une campagne de communication et de promotion du titre vainqueur. Une belle mise en lumière même si cet auteur, toujours en lice pour le Renaudot et le Femina, ne manque pas de retombées presse.
Quelques photos avec le lauréat plus tard, nous avons profité du buffet entre membres du jury. Difficile de se mélanger aux autres invités, éditeurs, libraires, auteurs, alors passé le délai raisonnable des mondanités, je me suis éclipsée pour profiter de la piscine de l’hôtel avant d’entamer une bonne nuit de sommeil réparatrice.
Septième étape : le lendemain…
C’est toujours avec le même plaisir que nous nous sommes retrouvés au petit déjeuner. Le groupe a bien pris pendant ces deux jours et je dois dire que si le lauréat a été bien choisi, les jurés aussi ! Nous avons échangé quelques mots encore puis nos coordonnées et déjà c’était l’heure du départ pour moi. Les autres jurés ont pu profiter d’un petit déjeuner avec Sylvain Prudhomme et j’espère qu’il et elles auront su goûter leur plaisir.
Huitième étape : le Landerneau 2020 ?
Evidemment avec tout ce que je viens de vous raconter, vous vous doutez bien que je retenterai l’aventure du Prix Landerneau des lecteurs en 2020 ! Certes, je sais déjà que je n’irai pas à Paris mais qu’importe : je sais désormais comment les choses se passent, quelles émotions nous transpercent au moment de défendre notre choix puis de consacrer le vainqueur, je pourrai donc mettre des images sur tous ces instants fabuleux que vivront nos successeurs.
On se retrouve en juin prochain pour remplir le petit formulaire de candidature ?
Si Devenir juré du Prix Landerneau des lecteurs vous intéresse, j’ai compilé 10 questions/réponses qui vous expliqueront tout de cette fabuleuse aventure : Le prix Landerneau des lecteurs en 10 questions
[MISE A JOUR 08.06.2020]
Les inscriptions pour Le prix Landerneau des lecteurs 2020 sont ouvertes. Vous avez jusqu’au 30 juin 2020 pour télécharger le bulletin de candidature et pour le déposer dans l’un des Espaces Culturels E.Leclerc. Bonne chance à tous !
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