Fantômes de Christian Kiefer
Ray Takahashi, soldat américain d’origine japonaise, a survécu à la guerre avec l’espoir de retrouver celle qu’il aime. Mais de retour dans sa ville natale, la belle Helen Wilson n’est pas là pour l’accueillir, pas plus que ses parents. Ray est seul et pire encore, il n’est plus le bienvenu chez lui.
A la suite de l’attaque de Pearl Harbor, le sentiment anti-japonais s’est emparé des Etats-Unis. Les Nippo-Américains sont considérés comme des ennemis potentiels qu’il convient de neutraliser, c’est dans ce contexte que les parents de Ray ont été chassés de chez eux pour être internés dans un camp comme 110 000 autres Japonais à cette époque. L’histoire de Ray aurait pu s’arrêter là, le jeune homme partant rejoindre les siens pour reconstruire une vie ailleurs mais on perd toutes traces de l’ex-soldat à ce moment-là. Qu’est-il arrivé à Ray ? Seule Kimiko, sa mère, semble encore hantée par sa disparition 27 ans plus tard lorsqu’elle décide de reprendre contact avec Evelyn Wilson, la mère d’Helen. Avec l’aide de son neveu, John Frazier, jeune écrivain et vétéran de la guerre du Vietnam, Evelyn va devoir affronter les fantômes du passé. Quels liens unissaient les Takahashi et les Wilson ? Qu’est-il advenu de Ray ? A travers les paroles de sa tante et ses non-dits, John Frazier va mener l’enquête sur les secrets de famille et sur ce qui a tout lieu de ressembler à un drame familial.
Comme il lui semblait étrange, ce monde qu’il retrouvait – à croire qu’en se battant pour l’Amérique, il avait mis en lumière des facettes de ce pays que l’on avait préféré occulter.
Dans un roman de toute beauté, à la fois pudique, sensible et poignant, l’auteur nous livre un pan d’histoire américaine que je ne connaissais pas en y mêlant les affres de soldats revenus du front, blessés dans leur âme quand ça n’est pas dans leur chair. Roman sur l’absence avant tout, Fantômes est aussi un texte étonnamment lumineux bien que douloureux – et assez tortueux dans sa forme, il faut bien l’avouer – qui combat la bêtise, l’ignorance et la peur aveugle qui font le lit du racisme ordinaire. Un roman sur fond historique, plus que jamais d’actualité en Amérique comme chez nous hélas.
L’ESSENTIEL
Fantômes
Christian KIEFER
Editions Albin Michel, collection Terres d’Amérique
Sorti le 03/03/2021 en GF
288 pages
Genre : roman contemporain
Personnages :Ray, Homer et Evelyn, Helen, Hiro et Kimiko, John Frazier
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤❤
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Retour à Little Wing de Nickolas Butler, Tant qu’il y aura des cèdres de Pierre Jarawan, Miroir de nos peines de Pierre Lemaître, Ici n’est plus ici de Tommy Orange
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Été 1945 : lorsque le soldat américain d’origine japonaise Ray Takahashi rentre du front, personne n’est là pour l’accueillir en héros sur les terres de son enfance, dans le nord de la Californie. Ses parents, après avoir été expulsés et enfermés au camp de Tule Lake, vivent désormais à Oakland. Mais Ray veut comprendre pourquoi leurs anciens voisins et amis ont coupé les ponts avec eux, et surtout revoir leur fille Helen, sa petite amie. C’est à ce moment-là qu’il disparaît sans laisser de traces.
Printemps 1969: de retour du Vietnam, et hanté par les fantômes de la guerre, John Frazier cherche son salut à travers l’écriture d’un roman. En s’emparant accidentellement du destin de Ray, le jeune écrivain ignore tout des douloureux secrets qu’il s’apprête à exhumer.
En revenant sur l’histoire méconnue de dizaines de milliers de Nippo-Américains internés dans des camps après l’attaque de Pearl Harbor en 1941, Christian Kiefer tisse un drame familial poignant et lumineux, qui interroge notre rapport intime à la mémoire et au passé.
« Fantômes est un roman qui chante, magnifique et nécessaire. »
Jesmyn Ward
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Fantômes
- Parce que ce pan honteux de l’histoire des Etats-Unis doit être connu
- Parce que les thèmes développés dans ce roman sont universels et toucheront chaque lecteur
- Parce que l’écriture de Christian Kiefer a une classe folle
3 raisons de ne pas lire Fantômes
- La narration peut paraître complexe avec une temporalité assez singulière qui a de quoi perturber certains lecteurs
- Ce roman protéiforme peut sembler manquer de profondeur tant on aimerait en découvrir plus encore sur la manière dont les Japonais ont été traités pendant la Seconde guerre mondiale
- Le rythme est assez lent, certains lecteurs pourraient s’impatienter
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