Jackpot ! de Stéphane Boudy
Jackpot est une fable savoureuse sur la spéculation immobilière et le capitalisme à partir d’un anti-héros petit fonctionnaire à la ville de Paris. Mais pas que… hélas. Mille fois hélas…
Ce service presse hante ma pal depuis des mois. J’espérais le recevoir l’été dernier, au moment où j’avais du temps pour lire, hélas il m’est parvenu fin septembre en plein rush des lectures pour le prix Elle et le Landerneau. Pendant longtemps je n’ai pas réussi à le caler dans ce flot de lectures imposées à un rythme effréné et puis le temps est passé et l’envie de le lire s’est un peu émoussée je dois bien l’avouer. Mais là, maintenant avec le confinement et ma boulimie de lecture, je m’étais dit que c’était le bon moment pour lui consacrer l’attention qu’il méritait.
Dès les premières pages j’ai été ravie de ce que j’ai lu, une sorte de conte des temps modernes sur fond de spéculation immobilière dans le monde du prolétariat. J’ai trouvé l’histoire comme la plume assez savoureuses, me renvoyant avec plaisir à d’autres lectures du genre que j’avais beaucoup appréciées – je pense notamment à Goldman Sucks de Pascal Grégoire et L’Affaire Mayerling de Bernard Quiriny. Pendant toute la première partie de ce roman je me suis délectée de cette critique de notre société capitaliste et du côté rocambolesque et faussement naïf des aventures de Loïc Nicolas, un petit fonctionnaire de la Ville de Paris qui devient rentier en quelques années en se contentant d’acheter, louer puis vendre des studios à Paris avec la complicité plus ou moins consciente des banques. Même si son ascension fulgurante peut prêter à sourire il y a malgré tout beaucoup de vrai dans ce qui est dit et forcément ça donne matière à réflexion.
Loïc Nicolas essayait à présent d’apparaître le moins possible en tant que propriétaire-bailleur et confiait la location de ses biens à Loc-Home, une agence immobilière de la rue du Faubourg-Saint-Antoine.
Avec la multiplication irrémédiable de son volume relationnel, il avait pris en l’espace de trois ans des volées d’insultes dont Connard, Escroc, Truand ou Trou du cul ! étaient parmi les plus policées. Louer un appartement, pour un pauvre, est toujours une chance d’invectiver un riche.
Et puis arrive le moment où ce roman prend un tour inattendu avec une histoire de meurtre et de prison. Jusque-là passe encore mais alors la suite… C’est un craquage complet. Plus rien n’a de sens, on retrouve notre anti-héros et son comparse en premier plan dans la lutte contre le terrorisme après une sombre histoire de rats à la prison de la Santé. Ne me demandez pas le rapport, je le cherche toujours. A partir de cet instant-là, ce que je lisais n’avait plus aucun sens pour moi. Alors que j’avais lu avec gourmandise les 150 premières pages de ce roman, les 50 suivantes ont été une véritable tannée puis j’ai fini par caler à une trentaine de pages de la fin, n’en pouvant plus de cette farce sans queue ni tête.
La France n’aime pas ses propriétaires. Au tribunal, le propriétaire a tort. Dans les médias, c’est un profiteur insatiable. Pour l’Etat, c’est une manne financière, un pigeon de choix.
Je suis terriblement déçue de finir ainsi cette lecture, à ce point agacée. Déçue parce que je sentais poindre le coup de cœur. Déçue d’avoir fait attendre aussi longtemps l’auteur pour un retour si amer. Déçue parce que je n’ai vraiment rien compris à son projet littéraire. Je pensais le cerner au début mais la fin me prouve le contraire. Pour moi, il y a deux livres dans ce roman : le premier n’est pas terminé et je m’en désole car c’est bien celui-là que j’avais envie de lire, quant au second, il m’a laissée totalement de marbre.
Je remercie bien sûr l’auteur de m’avoir envoyé son livre. Je regrette simplement pour lui de ne pas avoir été la bonne cible…
L’ESSENTIEL
Jackpot !
Stéphane BOUDY
Editions Lajouanie
Sorti le 27/09/2019
232 pages
Genre : inclassable
Personnages : Loïc Nicolas, Blanchard, Monsieur Ping, Jeanne…
Plaisir de lecture : ❤❤
Recommandation : non
Lectures complémentaires : Goldman sucks de Pascal Grégoire, L’affaire Mayerling de Bernard Quiriny
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Un obscur petit fonctionnaire, sur les conseils d’un curieux marchand de biens franco-chinois, se lance dans l’achat et la rénovation d’appartements. Au fil de ses acquisitions, surfant sur la bulle immobilière de la capitale, accompagné d’un fidèle homme à tout faire qui réhabilite à la perfection ses logements, le jeune homme se retrouve rapidement à la tête d’une véritable fortune. Gérer un tel jackpot va s’avérer délicat… D’autant que la mort accidentelle d’une ex-employée envoie les deux hommes à la prison de la Santé. Depuis leur cellule, qu’ils retapent de fond en comble, le duo entreprend de déradicaliser les détenus. Le succès de cette dernière entreprise remonte jusqu’à l’Élysée. Le gouvernement engage alors ces drôles de missionnaires à exporter leur méthode explosive jusqu’en Indonésie… Une fresque insolente et iconoclaste sur le monde actuel et ses contradictions. Mondialisation, islamisation, manipulation sont les maîtres-mots de cette fantaisie littéraire politiquement très incorrecte.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Jackpot !
- Pour sa première partie vraiment très réussie sur la spéculation immobilière
- Pour le côté décalé de l’intrigue
- Pour la plume plutôt guillerette et agréable de l’auteur
3 raisons de ne pas lire Jackpot !
- Parce que l’histoire s’enlise et rebondit d’une manière assez incompréhensible
- Parce que l’auteur a voulu faire passer trop de messages dans un même livre
- Parce qu’il faut vraiment aimer les farces pour apprécier la fin de cette histoire
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