Le poète de Michael Connelly
Sorti en 1996, Le poète de Michael Connelly s’est fait une place de choix parmi les romans policiers majeurs du XXe siècle. Lu il y a de cela de nombreuses années, j’en ai conservé un souvenir très flou mais une bonne impression générale liée tant à l’intrigue qu’à l’écriture de Connelly. Pour ces raisons, j’ai vu d’un très bon œil l’arrivée dans le catalogue d’Audiolib de ce titre plutôt ancien : la course à la nouveauté ne doit pas faire oublier tous ces titres de grande qualité qui méritent de toucher un nouveau public grâce à la version audio.
Le risque avec des livres que l’on a déjà lus et appréciés par le passé consiste à avoir peut-être un peu enjolivé les choses.
Changement de goût et d’époque peuvent suffire à ruiner nos beaux souvenirs.
C’est un risque auquel j’étais préparée en me lançant dans l’écoute Du poète mais le doute s’est évaporé après seulement dix minutes d’écoute. Connelly sait raconter une histoire !
Il sait donner corps à ses personnages, les rendre antipathiques pour certains, intéressants pour tous.
Il sait aussi faire monter le suspense à coup de révélations disséminées avec intelligence et habileté.
Et quand on pense être parvenu à dénouer cette sombre affaire, l’auteur parvient encore à nous surprendre, et comment !
Tout a une cause. Parfois, la cause est plus haïssable que la conséquence, pourtant, c’est souvent la conséquence qu’on abomine.
En redécouvrant cette histoire, je comprends mieux comment j’ai pu me délecter de polars par le passé – quand j’allais puiser mes lectures dans les œuvres de Connelly, Westlake ou Lehane par exemple – alors qu’aujourd’hui je ressens presque une aversion pour le genre. D’œuvres uniques et finement ciselées, nous sommes passés à une production quasi industrielle où tous les flics se ressemblent avec leur lot de casseroles et leur haleine aux relents de whisky et où les intrigues sont calibrées pour être efficaces en 300 ou 400 pages.
Ecouter Le poète, c’est tout à la fois accepter de faire un léger saut dans le temps, à l’époque où tout ne se réglait pas d’un clic de souris, apprécier que le personnage principal ne soit pas pour une fois un énième flic mais un journaliste un brin fouille-merde (un fait-diversier de son vrai titre) et savourer le fait que l’auteur ne nous ait pas inventé une histoire, mais bien une histoire dans l’histoire de l’histoire.
C’est riche, complexe sans jamais être compliqué, sombre sans jamais tomber dans le glauque et passionnant de bout en bout. Vous savez à quoi je me fie pour dire cela ? Vous ne me retiendrez jamais près de 17h avec un livre audio moyen.
En général j’essaie de choisir des audiobooks qui ne dépassent pas 10 h d’écoute, au-delà je m’impatiente vite. A moins d’avoir affaire à un roman vivant, rythmé, avec suffisamment de rebondissements pour retenir mon attention, et des dialogues qui apportent du sens à l’ensemble et des indices sur la psychologie des personnages. J’ai eu tout ce que je pouvais espérer dans ce roman. Ca plus un narrateur à la voix toujours justement posée, sans trop d’effets, laissant au texte exprimer tout ce qu’il a à transmettre, sans chercher à lui en faire dire plus ou trop, au risque de le dénaturer.
Pour toutes ces raisons, Le poète de Michael Connelly, lu par Benjamin Jungers, rejoint mes plus belles écoutes de ce prix Audiolib 2021.
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L’ESSENTIEL
Le poète
Michael CONNELLY
Editions Calmann-Levy et Le livre de poche
Sorti en France en 1997 chez Seuil et régulièrement réédité en GF et poche
768 pages (16h43 d’écoute)
Mu par Benjamin JUNGERS
Genre : roman policier
Personnages : le journaliste Jack McEvoy, son frère jumeau Sean, l’inspectrice Rachel Walling
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤❤
Plaisir d’écoute : ❤❤❤❤❤
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : L’épouvantail du même auteur car on y retrouve Jack McEvoy et Rachel Walling et d’autres titres de l’auteur comme Le verdict de plomb, Shutter island, Gonne baby gone et Mystic River de Dennis Lehane, Le couperet et Le contrat de Donald Westlake, Le dahlia noir de James Ellroy et tant d’autres
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Le chef-d’oeuvre absolu de l’auteur. Prix Mystère de la critique en 1998.
Chroniqueur judiciaire au Rocky Mountain News, Jack McEvoy ne peut croire au suicide de son frère jumeau. Inspecteur de police, Sean ne serait pas parvenu à résoudre le mystère du meurtre d’une jeune femme retrouvée coupée en deux, et ne l’aurait pas supporté. S’il s’est bien tiré une balle dans la bouche comme le font les policiers dépressifs, que vient faire ce Hors de l’espace, hors du temps d’Edgar Allan Poe écrit sur le pare-brise de sa voiture ? Et pourquoi Rusher, un indic qu’il devait voir ce jour-là, reste-t-il introuvable ?
En s’immisçant dans une base de données du FBI pour les besoins d’un article, McEvoy découvre avec stupéfaction que beaucoup de policiers se suicident et que le FBI mène l’enquête sur la mort de son frère. Il comprend alors que cette affaire est en passe de lui fournir son plus gros scoop sur des meurtres en série.
Mais il pressent aussi qu’il est devenu la prochaine cible du suspect, un certain William Gladden, membre d’un réseau de pédophiles qui a, jusqu’à présent, toujours réussi à tromper les plus fins limiers lancés à ses trousses…
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Le poète
- C’est un livre qui s’installe dans le temps et que l’on regrette d’avoir fini
- L’intrigue est riche et le dénouement ne se laisse pas facilement deviner
- Les personnages sont singuliers et très fouillés
3 raisons de ne pas lire Le poète
- Si vous cherchez un polar rapidement « consommé »
- La fin n’aurait été que plus réussie sans certains rebondissements vraiment en trop
- Comme toujours, on en a trop fait autour de ce livre, parlant de chef-d’oeuvre absolu, rien que ça. Forcément, beaucoup de lecteurs en sont ressortis déçus, attendant un feu d’artifices. Ce roman est un très bon polar mais il ne révolutionne pas le genre.
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