Les Aérostats d’Amélie Nothomb
Cette année, mon premier rituel de rentrée a été d’écouter Les aérostats, le dernier Amélie Nothomb. Je n’avais pas pu goûter à ce plaisir l’année dernière, rebutée – peut-être à tort – par la thématique religieuse de Soif, mais cette fois je tenais ma revanche puisqu’elle allait me parler de littérature. Quelle joie !
Finalement je retire de cette lecture un bilan mitigé. D’un côté, j’ai retrouvé avec plaisir cette plume qui me séduit tant en audio car elle a ce don de me plonger immédiatement et en très peu de mots dans un univers qui m’est souvent totalement étranger, puis de me tenir en haleine jusqu’au dernier mot. Amélie Nothomb fait toujours dans le concis et j’apprécie énormément cette capacité de synthèse qui n’empêche pas de créer une atmosphère particulière et de prendre le lecteur dans ses filets. Je l’ai déjà dit maintes fois mais ses talents de conteuse me laissent toujours aussi admirative et écouter le dernier Nothomb à sa sortie est une friandise que je m’accorde avec plaisir pour mieux faire passer la pilule de la reprise.
D’un autre côté, j’ai été assez déçue par la banalité et le peu de consistance de ce roman, l’auteure nous ayant habitués à plus d’originalité dans ses précédents livres. Ou alors, Amélie Nothomb a-t-elle décidé cette fois de cacher l’originalité de son roman dans sa totale invraisemblance et sa vision totalement utopique du sujet ? Si tel est le cas c’est particulièrement réussi !
Imaginez une jeune fille âgée de 19 ans, étudiante en philologie, engagée par un homme fortuné pour venir en aide à son ado de 16 ans, atteint de dyslexie et de ce fait, incapable de lire correctement sans buter sur chaque mot. Le pauvre gamin n’a jamais lu un bouquin de sa vie et notre jeune Ange, la sauveuse érudite, va le sortir de son ignorance tout autant qu’elle va soigner son trouble en un tourne main. C’est d’une facilité déconcertante, l’auteure ne reculant devant rien pour parvenir à ses fins quitte à rendre cette histoire totalement invraisemblable. Si vous arrivez à faire lire un ado de cette manière, surtout faites-moi signe, ça m’intéresse !
Pour moi, le mystère, c’étaient ces adolescents qui n’avaient pas la curiosité naturelle de lire. Que l’on en accuse Internet ou les jeux vidéo m’apparaissait aussi absurde que d’attribuer à telle ou telle émission de télévision la responsabilité de leur désaffection pour le sport.
Je n’en dirai pas plus pour éviter d’éventer le peu d’éléments d’intrigue contenus dans ce roman. Simplement, je trouve que pour traiter un sujet aussi riche et complexe que l’éducation à la lecture et l’accès à la littérature, il y avait matière à une histoire bien plus recherchée et nuancée, surtout de la part d’une auteure qui est connue pour s’extraire des sentiers battus. Bien sûr on peut toujours y déceler une histoire dans l’histoire, voir en Ange, l’auteure dans sa jeunesse, etc. Mais c’est trouver des justifications et de la profondeur là où il n’y en a pas. Les Aérostats est quand même vite expédié, vite digéré et aussi vite oublié.
Tout en restant agréables, les retrouvailles avec Amélie Nothomb n’ont donc pas été à la hauteur de mes espérances et surtout bien en deçà du plaisir que m’avait procuré Frappe-toi le cœur en 2017. Dommage, il ne reste plus qu’à attendre la prochaine cuvée…
Intéressé par le livre audio Les aérostats ?
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L’ESSENTIEL
Les aérostats
Amélie NOTHOMB
Editions Albin Michel en GF et Audiolib en audio
Sorti en GF et en audio le 19/08/2020
180 pages (2h19 d’écoute)
Lu par Françoise Gillard
Genre : roman contemporain
Personnages : Ange et son élève, Pie
Plaisir de lecture :
Plaisir d’écoute :
Recommandation : moui
Lectures complémentaires : Frappe-toi le coeur, Les prénoms épicènes, Hygiène de l’assassin et bien d’autres de la même auteure
RESUME DE L’EDITEUR
Dans ce nouveau livre, la romancière se raconte à travers le personnage d’une étudiante bruxelloise. Les aérostats sont des aéronefs dont la sustentation est due à un gaz plus léger que l’air. Elle nous emmène pour la première fois dans son pays natal. Ange, 19 ans « mène une vie assez banale » et étudie la philologie. Après avoir répondu à une petite annonce, elle donne des cours de littérature à Pi, un lycéen de 16 ans dyslexique. La romancière souhaitait avec cette rencontre explorer comment deux « très jeunes gens, qui sont chacun à leur manière, très emprisonnés » peuvent s’aider à avancer. « Ange c’est moi à 19 ans » avoue Amélie Nothomb, qui confie avoir également été, au même âge, « terriblement sérieuse » comme son héroïne. « Elle a beaucoup de points communs avec moi » insiste-t-elle, en pointant notamment les études et les difficultés de la jeune femme à rencontrer des amis.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Les aérostats
- Parce qu’on y aborde un thème cher à tout lecteur
- Parce qu’on y retrouve la plume singulière d’Amélie Nothomb
- Parce que le personnage d’Ange est inspiré de la jeunesse de l’auteure
3 raisons de ne pas lire Les aérostats
- Si vous n’aimez pas le style Nothomb
- Si pour vous un roman ne peut être abouti à moins de 200 pages
- Si vous attendez une vraie réflexion sur la littérature et la manière d’amener les plus jeunes à lire
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