Les maisons de Fanny Britt
Ce livre audio venu tout droit de la Belle Province est un petit bijou de justesse et d’émotion comme il nous est rarement donné d’entendre.
Tessa est agente immobilière – on dit courtière immobilière au Québec -. A l’occasion d’un nouveau mandat de vente, elle croise le chemin de Francis son amour de jeunesse. Les années se sont écoulées depuis leur rupture et Tessa est aujourd’hui une femme comblée aux côtés de Jim, son époux attentionné et aimant, et de leurs trois beaux garçons. La vie a amené à Tessa tout ce qu’elle pouvait rêver même si, plus jeune, c’est avec Francis qu’elle aurait aimé construire ce rêve. Tessa a beau être une femme droite, une femme de principe et de morale, elle va pourtant retrouver Francis dans trois jours. Elle ne doit pas se rendre à ce rendez-vous, elle le sait mais rien ne la retiendra, ni les rétrospectives de sa vie, ni le souvenir douloureux de leur rupture jamais totalement cicatrisée, ni son regard de louve posé sur ses trois petits qui seront demain des hommes dont elle pourra être fière. Rien ne l’arrêtera dans sa quête du premier amour retrouvé. Mais que reste-t-il des émotions ressenties 20 ans plus tôt ? Peut-on reprendre une histoire là où on l’a laissée avec la même intensité et le même désir d’absolu ?
Attendre. Pressentir avec effroi et exaltation qu’on en espère autant qu’au premier jour, que la fièvre ne se guérit pas, qu’on est une chandelle fondue, que le pouvoir a toujours été et sera toujours du côté des autres, que rien, ni le temps, ni les enfants, ni les briques qu’on a farouchement empilées n’ont d’effet sur le sombre désir de dire oui à cet homme absent depuis si longtemps.
Petit bijou perdu au fin fond du catalogue Audible Studios, Les maisons de Fanny Britt est un concentré d’émotions. Vous n’en avez certainement jamais entendu parler et pour cause : ce roman québécois de 2015 n’a pas – encore – été édité en France. Pour le découvrir il vous faudra soit passer par la version numérique, soit écouter la version audio, ce que je vous recommande très chaudement. Quoi de plus merveilleux en effet que de se laisser submerger par un texte magnifiquement écrit puis sublimement lu en québécois ? Vous y percevrez toute la musicalité de cette langue si proche de la nôtre et pourtant culturellement si distincte. A l’oreille, il y a des chances que la voix d’Eveline Gelinas vous rappelle la sensibilité à fleur de peau de celle de Lynda Lemay avec ses intonations à la fois drôles, touchantes, douces et piquantes. Et arrivera un moment où vous vous rendrez compte que la magie du livre audio aura vraiment opéré : quand, au lieu de condamner la conduite de Tessa, vous ne pourrez vous empêcher d’aimer cette femme pour tous les mots qu’elle prononce et la façon qu’elle a de les dire.
L’ESSENTIEL
Les maisons
Fanny BRITT
Editions Cheval d’août (Canada) et Audible
Sorti en GF au Québec le 26/10/2015 et en audio le 28/08/2018
Version audio lue par Eveline Gelinas
220 pages (3h40 d’écoute)
Genre : roman social
Personnages : Tessa et Jim, Francis le premier amour de Tessa
Plaisir de lecture : ❤❤❤❤❤
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : La conversation amoureuse d’Alice Ferney, Une affaire conjugale d’Eliette Abécassis
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Tessa, chanteuse classique convertie en courtière immobilière, vend des maisons et ne va pas bien. Elle élève trois fils qu’elle adore avec un homme qui la chérit. Dans trois jours, elle a rendez-vous avec Francis, un ancien amour qui n’a jamais guéri. Entre-temps, il y aura des visites de propriétés, des cabines d’essayage, des cours de natation, des ponts en bâtons de popsicle à livrer à l’expo-sciences de l’école, des étreintes dans la nuit, des deuils, des rappels de l’enfance, des fantômes, et la peur de vieillir dans l’amertume. Cesse-t-on un jour de désirer ce qu’on a désiré à vingt ans ? Au confluent des Annie Dillard, Elisabeth Strout et Rachel Cusk, l’ample fresque des Maisons fouille les drames privés dans une époque d’insatisfaction et de conformisme. Derrière les portes closes sur des intérieurs encombrés par la solitude, on trouvera aussi l’amour des enfants et de l’architecture du quotidien. Tout ça se passe à Montréal.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Les maisons
- Pour la voix envoûtante de la narratrice
- Pour l’écriture sublime de l’auteure
- Pour le personnage tout en ambivalence de Tessa
3 raisons de ne pas lire Les maisons
- Si vous êtes fâché avec l’accent québécois
- Si les romans trop introspectifs vous ennuient
- Si les narrations un peu décousues à l’image des pensées qui s’enchaînent vous bloquent
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