Trois jours chez ma tante d’Yves Ravey
Comment faire rappliquer dare-dare un neveux un brin filou, voire carrément voyou, qui vit confortablement de vos largesses à l’autre bout du monde ? En lui annonçant que vous allez lui couper les vivre et le retirer de votre testament pardi ! Vous pouvez tester, ça marche à tous les coups.
Dans le roman d’Yves Ravey, Trois jours chez ma tante, c’est à un jeu de dupes entre une vieille dame solitaire et richissime et son neveu exilé dans des conditions particulièrement troubles qu’assiste le lecteur. L’une fait penser à Liliane Bettencourt à la fin de sa vie, l’autre à Patrick Balkany avec quelques bonnes années de moins. L’une a le pouvoir que lui confère l’argent, l’autre n’a que le bagou indispensable à sa condition de petit escroc. L’une veut que son ingrat de neveu se rappelle qu’il a une famille et des obligations qu’il ne peut fuir. L’autre veut ramener sa radine de tante à la raison : sans son argent il ne peut continuer ses bonnes œuvres menées au Liberia. Sous nos yeux se joue une comédie humaine acide et jusqu’à la dernière ligne on se demande qui sortira vainqueur de ce duel : l’argent ou les sentiments ?
Mais, dites, patron, j’ai avancé personnellement l’argent, par chèque, maintenant, je suis à découvert sur mon compte, et qui va payer les intérêts ? J’ai soupiré, bon Dieu mais ce n’est pas possible ces banquiers, Honorable il faut leur répondre, tu leur dis que tu ne paieras pas un centime d’agios un point c’est tout ! il ne faut surtout pas se laisser faire par ces gens là ! c’est tous les mêmes tu sais.… ! C’est peut-être tous les mêmes, comme vous dites monsieur Marcello, mais c’est eux qui avancent l’argent et qui prennent les intérêts et là ils vont pas se gêner faites-moi confiance.
Je suis tombée sur ce court roman lors de ma dernière déambulation en librairie. Je n’avais jamais entendu parler d’Yves Ravey, j’y suis donc allée à l’instinct et je m’en félicite ! Il y a du rythme dans ce roman, il y a du suspense mine de rien. La plume de l’auteur glisse, légère et travaillée dans un style sans heurts, les pages se tournent avec plaisir. Les personnages ont du relief, on les découvre au fur et à mesure que l’auteur ôte minutieusement les couches de bienséance et faux-semblants. Tous les ingrédients sont réunis pour passer un excellent moment en compagnie de ce simulacre de famille que l’on ne voudrait surtout pas faire sienne.
L’ESSENTIEL
Trois jours chez ma tante
Yves RAVEY
Les éditions de Minuit
Sorti le 07/03/2019
156 pages
Genre : satire sociale
Personnages : Marcello Martini et sa tante
Plaisir de lecture :
Recommandation : oui
Lecture complémentaire : Le noeud de vipères de François Mauriac, L’héritage d’Esther de Sandor Marai
RESUME DE L’EDITEUR
Après vingt ans d’absence, Marcello Martini est convoqué par sa tante, une vieille dame fortunée qui finit ses jours dans une maison de retraite médicalisée, en ayant gardé toute sa tête. Elle lui fait savoir qu’elle met fin à son virement mensuel et envisage de le déshériter. Une discussion s’engage entre eux et ça démarre très fort.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Trois jours chez ma tante
- Pour le personnage de Marcello : sacré filou
- Parce que vous voulez savoir qui de l’argent ou des sentiments l’emportera
- Parce que vous aimez les romans légèrement grinçants
3 raisons de ne pas lire Trois jours chez ma tante
- Si pour vous plaire, il faut du costaud, des rebondissements, de l’action
- Ce roman aurait pu donner lieu à une pièce de théâtre et si ça n’est pas ce que vous aimez en temps normal, il vaut mieux passer votre chemin
- Si vous cherchez une histoire avec des personnages lumineux
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